La politique de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) a récemment pris une direction innovante avec la commande du rapport Piveteau, dont un des angles concerne les solutions à mettre en place pour que chacun puisse vieillir chez lui. Dans ce contexte, une enveloppe budgétaire, initialement allouée aux Agences Régionales de Santé (ARS) et désormais gérée par les conseils départementaux, a été dédiée aux budgets de fonctionnement pour soutenir cette politique.

L’objectif principal est de mutualiser des services afin de permettre à chacun de vieillir dans le confort de son domicile. L’Allocation de Vie Partagée (AVP), centrée autour d’un groupe de 10 à 12 locataires, illustre parfaitement cette approche. Elle vise à mutualiser les allocations personnalisées d’autonomie (APA) pour mettre en œuvre des actions collectives, offrant ainsi une alternative solidaire aux logements individuels, qu’ils soient neufs ou rénovés. L’AVP finance spécifiquement des vacations horaires, facilitant la mise en place d’un soutien adapté. En 2021, un décret a ouvert la voie aux résidences sociales pour bénéficier du dispositif de l’AVP, une évolution majeure qui a permis à des structures telles qu’Alotra de proposer des solutions innovantes.

La résidence Viala, premier terrain d’expérimentation

Dans ce cadre, nous avons soumis un dossier pour la résidence Viala, anciennement un Foyer de Travailleurs Migrants (FTM) qui abrite désormais nos chibanis, témoignant d’une relation de longue date et de confiance avec nos résidents. Cette enveloppe budgétaire substantielle offre la possibilité de réaliser des projets significatifs en faveur du vieillissement à domicile.

Le projet se distingue par son approche collective, promouvant l’autonomie dans le logement tout en distinguant clairement les besoins relevant de la gestion sociale traditionnelle de ceux spécifiques à l’habitat inclusif. “Il a fallu faire des choix parmi nos résidents. On a ciblé ceux dont le degré d’isolement était le plus grand, soit parce qu’ils échangeaient peu avec les autres, soit parce que leur autonomie demandait un soutien particulier”, précise Christelle Bouron, chargée de mission.

L’habitat inclusif se définit avant tout par son engagement à maintenir les personnes âgées à domicile, traitant en priorité les cas d’exclusion. Chez Alotra, exclusion est synonyme d’isolement social, ciblant ainsi les individus les plus vulnérables, souvent perçus comme les « disqualifiés » de la société.

Ce virage vers l’habitat inclusif est motivé par le vieillissement d’une partie de la population gérée, nécessitant une réflexion approfondie sur les moyens de promouvoir l’inclusion sociale par le logement. Ce projet ambitieux souligne l’importance de l’innovation dans les politiques de soutien aux personnes âgées, ouvrant la voie à des solutions nouvelles qui favorisent une vie digne et autonome à domicile.